Le recours essentiel aux fondamentaux de l’industrie pour déployer les innovations technologiques et sortir de la crise sanitaire, économique et environnementale

L’essentiel : malgré la chute de l’activité due à une crise sanitaire et économique sans précédent, les industriels de la régulation et GTB poursuivent leur stratégie d’alignement des référentiels techniques de standardisation et de certification avec les réglementations nationales pour répondre aux objectifs de massification de la rénovation énergétique et déploiement des innovations technologiques performantes et durables.

Les évolutions du marché en 2020

Après des années d’efforts, la transposition de la Directive Performance Energétique des Bâtiments (Directive 844/2018) et la mise en œuvre du Décret Tertiaire doivent permettre le déploiement massif des systèmes d’automatismes et de contrôle des bâtiments (« BACS ») afin d’optimiser le confort et l’usage des bâtiments avec le minimum de consommation énergétique et d’impact carbone. La condition indispensable du déploiement de ces technologies à haute valeur ajoutée est de s’appuyer sur des référentiels techniques très largement connus et régulièrement mis à jour en fonction des évolutions techniques.

Le Syndicat ACR rappelle la nécessité de s’appuyer sur ses fondamentaux :

- Approche physique de l’énergie : selon une approche globale de la performance énergétique (voir référentiel EN ISO 52000-1), il est nécessaire de concevoir la performance comme une optimisation du process de transformation des énergies primaires (génération, stockage, distribution et émission) en vecteurs énergétiques eau, air et électricité, pour répondre efficacement aux besoins vitaux en énergie des usages des bâtiments (chauffage, refroidissement, eau chaude sanitaire, ventilation et éclairage). Pour ce faire, les industriels conçoivent des produits, systèmes et solutions mettant en œuvre des fonctions de régulation plus ou moins performantes tout au long du processus de transformation de l’énergie pour toutes les énergies et dans tous les bâtiments (voir référentiel EN 15232-1 :2017 « Impact de la régulation et GTB sur la performance énergétique des bâtiments, en cours d’adoption à l’internationale sous la référence EN ISO 52120-1).

- Approche technique des innovations technologiques selon la maxime « de la GTB vers l’informatique et pas l’inverse ! » : évolution standardisée des protocoles ouverts pour pérenniser la performance des installations, développer une ontologie de la donnée (interopérabilité) et assurer la sécurité des installations. La standardisation vise à maintenir un équilibre entre une approche physique (terrain) et une approche virtuelle (informatique) de la gestion technique des bâtiments -> le but reste la gestion énergétique du bâtiment.

- Approche industrielle du développement économique : le moyen privilégié par les industriels pour développer le marché de manière pérenne est l’alignement des référentiels techniques de normalisation européenne et internationale avec les outils de certification, de labellisation et des dispositifs réglementaires français (Décrets BACS et Tertiaire, RE2020, DPE, Plan de Relance, CEE, etc.) et Européens (Directive Performance Energétique des Bâtiments, Règlement Ecodesign Lot 38).

Présentation des résultats 2020

1.La régulation



Une chute historique (-10%) du marché de la régulation due à la crise sanitaire et une activité en dent de scie. Malgré une offre optimisée et une demande forte, le marché n’a pas pu se maintenir compte tenu d’une activité en dent de scie aux évolutions imprévisibles en cours d’année.

1.1 Chauffage à eau chaude

Le marché du chauffage est en retrait important (-18%) :

- Le Syndicat ACR constate avec regret l’impact négatif immédiat de l’évolution du Crédit d’Impôts pour la Transition Energétique (CITE) en prime direct (« Ma Prim Rénov ») en 2019 qui a conduit à l’exclusion des dispositifs de régulation et de programmation du chauffage parmi la liste des travaux éligibles (ex : installation d’un robinet thermostatiques ou d’un thermostat programmable, etc.).

NB : a contrario, le Syndicat ACR constate et se réjouit de l’inclusion des dispositifs de régulation et de programmation dans le nouveau credit d‘impôts pour la rénovation énergétique des petites et moyennes entreprises (« Arrêté du 29 décembre 2020 »).

Cet impact négatif a été accentué par le mauvais calibrage du coup de pouce dit « thermostat avec régulation performante » publié en 2019. En effet, malgré les alertes du Syndicat auprès des pouvoirs publics (DGEC), les installateurs se sont concentrés sur les travaux les plus rentables en période de crise et qui font l’objet d’opération coup de pouce massive comme le remplacement de la chaudière ou l’isolation thermique. Pour 2021, le Syndicat ACR est favorable à une opération coup de pouce permettant d’accélérer le remplacement des thermostats programmables simples par des thermostats programmables intelligents ou communicants (classe IV ou plus selon la nomenclature européenne).

- Le Syndicat ACR constate la forte hausse du marché de la PAC et appelle de ses vœux au développement du marché des PAC Hybrides en soulignant le rôle primordial de la régulation pour optimiser les performances de ces systèmes en fonction des critères qui seront retenus par les constructeurs (ex : optimisation en fonction du prix de l’énergie, de son poids carbone, etc.).

- Marché IFC (Individualisation des Frais de Chauffage) : la réglementation en vigueur prévoit de devoir déterminer et réguler la quantité de chaleur et de froid mais celle-ci reste encore mal appliquée et les dispositifs de régulation terminale comme les robinets thermostatiques ne sont pas systématiquement installés, voire proposés par la maitrise d’œuvre. En conséquence, les robinets thermostatiques ne progressent pas (-20%) et sur ce marché, seuls les modèles communicants résistent un peu (-4,6%) et poursuivent leur pénétration du marché. Cette technologie communicante qui permet de faire de la régulation de température par zone grâce à un échange de données avec le thermostat central fait l’objet d’un projet en cours de fiche d’opération standardisée CEE.

- Les Modules Thermiques d’Appartement sont en recul (-11%) avec un très fort risque de disparition si le Titre V générique obtenu en 2014 par les industriels n’est pas reconduit en 2020. Les industriels réunis autour du Syndicat ACR exige une intégration à coût nul dans le futur moteur de calcul RE202 de cet équipement d’avenir, notamment pour le développement des réseaux de chaleur vertueux.

- Les vannes d’équilibrage dynamique (PICV) poursuivent leur forte pénétration de marché. Ils sont désormais très largement majoritaires dans les bâtiments neufs et devraient devenir la norme dans les opérations de rénovation performante compte tenu de leur grande valeur ajoutée pour le maintien de la performance et du confort et l’aide à l’exploitation.

1.2 Ventilation et climatisation

Le marché de la ventilation et climatisation est le seul à progresser légèrement (+4%) :
-Effet COVID 19 : en période de confinement, il a été indispensable de maintenir une bonne qualité d’air intérieur dans les bâtiments encore occupés, ceux qui a tiré la demande. Cette demande devrait se maintenir dans les prochaines années.
-Régulateurs communicants pour terminaux en progression (+8%) : les équipements avec protocoles de communications ouverts tels BACnet (+22%) ou KNX continuent leur très forte progression. Le protocoles LON se maintient compte tenu du très large parc tertiaire équipé mais on constate une absence de développement de cette offre au niveau des industriels. Enfin, les protocoles propriétaires qui ne permettent pas de rénover « par conception » et à coûts maitrisés, disparaissent logiquement.

2.La gestion technique des bâtiments



Le marché de la Gestion Technique du Bâtiment (GTB) souffre de l’effondrement du marché du neuf en 2020 mais résiste mieux grâce à une forte demande de maintien du confort dans les bâtiments existants. Le marché s’établit désormais à 74,4 millions d’euros suite à une décroissance de -6%.

Le marché du neuf a chuté, et seule la rénovation vers les bâtiments performants semble résister :
- Cette chute peut être relativisée puisque les statistiques ne prennent pas en compte l’impact des projets suspendus à la suite de la crise sanitaire et donc non facturés à ce stade. Toutefois, on doit noter le caractère tout à fait exceptionnel de l’année 2020 (COVID) qui rend difficile l’interprétation de tendances de marché à long terme. Par ailleurs, on doit aussi anticiper une baisse de l’activité régulière dans les 12 à 24 mois suite à la non prise de commande en 2020 (arrêt de l’activité) et les 35% constatés en moins d’appels d’offres des bâtiments neufs tertiaires.

-Au regard de la variété des bâtiments tertiaires, on doit souligner que le secteur hospitalier se maintient et que les grands programmes sont en situation de forte incertitude. L’enjeux primordial pour les industriels de la régulation et GTB est la « rationalisation du SMART », c’est-à-dire une optimisation des budgets disponibles pour concevoir et construire des bâtiments neufs intelligents et évolutifs, mais surtout durables et à coûts maitrisés. Un sujet d’avenir complémentaire est la nécessaire « sobriété du digital », avec pour ambition clé une technologie numérique capable de répondre à des buts précis, en l’occurrence une priorité sur la gestion efficace du confort nécessaire à la vie humaine, soit une optimisation des systèmes énergétiques réglementaires (chaud, froid, ventilation, ECS et éclairage).

On note également une forte augmentation (22%) des modules pour stores et éclairages qui confirment l’importance des offres de gestion combinées CVC, stores et éclairages.

Par ailleurs, les industriels de la régulation et GTB s’attendent à un impact décisif du Décret BACS (exigences de moyens) pour atteindre les objectifs de résultats du Décret Tertiaire dont les éléments décisifs seront :

- L’installation de systèmes de régulation et GTB de classe A ou B selon la norme NF EN 15232-1 pour les bâtiments tertiaires avec système de chaud / froid d’une puissance supérieure à 290 kW (cf Décret BACS). Cette classification permet d’identifier de manière standard les fonctionnalités à mettre en œuvre pour répondre aux exigences réglementaires.

- Une rationalisation du SMART pour les opérations de rénovation lourde équivalente à des projets de bâtiments neufs qui doit conduire à privilégier l’atteinte des objectifs de résultats de réduction de la consommation énergétique.

- L’importance de l’apport et de l’expertise des bureaux d’études (conception) et de la main d’œuvre qualifiée pour des installations complexes nécessitant une maitrise combinée du CVC et de l’informatique pour obtenir des résultats à hauteur de la performance des systèmes. On peut souligner à ce sujet à très forte demande de formation à laquelle s’emploie à répondre l’association BACnet France, crée par les membres du Syndicat ACR en 2007, notamment via une première séance de formation le 16 mars 2021 avec plus de 100 inscrits.

- La prise de conscience que les systèmes de régulation et GTB performants (soit des BACS de classe B et + selon la norme EN 15232-1 incluent par défaut un service de suivi et de mesure de la consommation énergétique (instruments de pilotage via des capteurs et une supervision) ainsi que des produits ou systèmes (régulateurs, actionneurs) capables d’agir sur les systèmes techniques pour assurer un confort maximum avec le minimum de consommation énergétique.

- L’intégration d’une offre à forte valeur ajoutée par la mise en œuvre de nouvelles fonctionnalités des logiciels de supervision (ou intégrée dans les automates et actionneurs), notamment pour permettre l’interopérabilité des données dans les librairies.
Dans cette optique, il faut souligner que l’atteinte de ces objectifs et le développement des « autres services » à haute valeur ajoutée (ex : gestion des espaces, effacement, mutualisation de la donnée pour les WEB services, etc.) repose sur le déploiement d’une approche standardisée des Smart Buildings qui s’appuie sur la mise en œuvre des protocoles de communications standardisés ouverts comme BACnet ou KNX (voir préconisations ACR / BACnet France / KNX France présentée à la presse le 3 mars 2021).

3.Les Services



Après plus de dix ans de croissance sans discontinuer, le marché des services chute de 8% pour atteindre 78,9 millions d’euros.

Suite au confinement, on note l’absence ou le report d’opérations de commissioning pendant les mois de confinement. Par ailleurs, les contrats de maintenance annualisés n’ont pas tous été facturés donc ne sont pas comptabilisés ici, en l’attente de la reprise des visites sur sites. On constate aussi la quasi-absence d’opération de maintenance préventive, compte tenu de la priorisation des actions de maintien de performance en situation d’urgence lors du confinement.

Les constructeurs / industriels (et ou réseaux d’intégrateurs partenaires) restent les mieux placés pour assurer la maintenance préventive.
NB : on rappelle que les prestations prises en compte dans les statistiques sont l’assistance technique, la formation, les matériels de rechange, les dépannages et les contrats de maintenance.

Résultat global 2020
Avec une crise sanitaire et économique sans précédent, l’année 2020 revêt un caractère tout à fait exceptionnel et les performances de l’industrie ne sont pas comparables avec les autres années. On note toutefois que l’industrie de la régulation et GTB a su résister. Ayant anticipé une chute de 20% de l’activité, on a constaté un rattrapage dès le dernier trimestre 2020 tiré par la très la forte demande en maintien du niveau de confort dans les bâtiments grâce aux solutions offertes par les adhérents du Syndicat ACR.

Par ailleurs, l’année 2020 est remarquable également puisque le contexte réglementaire a fortement évolué pour remettre au centre des dispositifs le rôle primordial des solutions de régulation et GTB dans l’atteinte des objectifs de réduction de la consommation énergétique. Ainsi les publications du décret BACS, du décret Tertiaire, amplifiées par les financements issus du Plan de Relance sont très favorables à notre industrie et devraient porter ses fruits dans les mois et années à venir. Le Syndicat ACR se félicite de ces actions, en partenariat avec l’association européenne eu.bac, dans l’accompagnement des pouvoirs publics pour établir ces dispositifs pérennes.

Perspectives 2021
Un alignement des planètes inédit (dispositifs réglementaires avec financement) est mis en place à partir de 2020 pour permettre de massifier les opérations de rénovation énergétique des bâtiments tertiaires en s’appuyant sur les systèmes de régulation et GTB. Le Syndicat ACR salue le rôle vertueux de l’Etat, notamment à travers le lancement d’appels d’offres publics sans précédent, dans la réussite des objectifs de rénovation énergétique des bâtiments.

Sur le marché du résidentiel, il est indispensable de s’appuyer sur les mêmes référentiels pour accélérer ce qui constitue la troisième voie de rénovation efficace, c’est-à-dire celle qui, en complément de l’amélioration de l’enveloppe du bâtiment et de ses systèmes techniques, vise à améliorer la gestion et le pilotage de ses systèmes techniques selon une approche globale. Compte tenu de l’évolution des réglementations avec la prise en compte du poids carbone des bâtiments et de leur cycle de vie, la pérennité des offres à travers leur standardisation (compatibilité ascendante, évolution par conception) est indispensable pour maintenir la performance et l’évolutivité des bâtiments dans leur phase d’exploitation.

Sur cette base, et au vu des premiers résultats encourageants des premiers mois 2021, les industriels de la régulation et GTB sont confiants pour l’avenir, et invitent l’ensemble des acteurs à les rejoindre au sein du Syndicat ACR (industriels) et des Associations BACnet France et KNX France (filière).

www.acr-regulation.com

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